La Geste du Sixième Royaume | Adrien Tomas

La-Geste-du-Sixieme-Royaume

Fantasy épique

Auteur : Adrien Tomas

Illustration de couverture : Alain Brion

Editeur : Mnémos

Année d’édition : 2011

Mots-clés : Epopée, Conquête, Progrès, Nature, Magie, Sorcières, Dragons, Nains, Homme-Loup.

Les histoires ne sont pas faites pour être crues. Elles sont faites pour emporter les esprits loin de la réalité, pour les faire rêver, les faire réfléchir.

Les Cinq Royaumes, Evondia, Sélénir, Rym, Vale et Seï, ont toujours été gouvernés par des rois querelleurs et ambitieux, qui ont souvent mené leurs peuples à la guerre. Au cœur de ces terres, un sixième royaume : la Grande Forêt, impénétrable et hostile. On raconte que ce territoire abrite les rêves et les cauchemars des hommes, ainsi que les créatures fantastiques issues des contes et légendes. Ces rumeurs poussent finalement les cinq royaumes à s’allier contre ce qu’ils estiment être leur ennemi commun, effrayés par les pouvoirs mystérieux qui sévissent à l’ombre de la forêt.

Cependant, alors que les nations se préparent à la guerre, un baladin, une belle sorcière aux terribles pouvoirs, une jeune voleur des rues, un demi-nain et un homme-loup se retrouvent tous mystérieusement attirés par la Grande Forêt. Ils y découvriront un terrible secret et devront se battre pour sauver la magie et l’avenir du monde…

La vérité est souvent moins belle que le mensonge et l’imagination. Les contes font rêver, les mensonges font espérer… La vérité, c’est la réalité toute nue, brute, sans attrait, sans fioritures. Rien qui stimule l’imagination, la réflexion ou les émotions, seulement des faits avérés.

Adrien Tomas nous offre avec ce roman une grande fresque épique, plongeant ses héros dans un parcours semé d’embûches, de pièges, de trahisons et de magies insaisissables. On suit plusieurs personnages, la plupart héros malgré eux, qui se découvrent des pouvoirs étranges et luttent pour leur monde malgré leurs doutes et parfois en dépit de leurs motivations personnelles. Chaque chapitre est écrit du point de vue d’un personnage, et l’auteur, grâce à son style clair et efficace, jongle avec les différentes personnalités de cet univers très riche, nous faisant ainsi découvrir les différentes facettes de la nature humaine.

Avec cette épopée grandiose, Adrien Tomas revisite également les anciennes notions de bien et de mal, en proposant ici une nouvelle dualité, celle des deux « Aspects » du monde, qui s’affrontent sans cesse depuis les débuts de l’univers : le Père (qui représente la nature sauvage, les rêves, la magie,…) et le Maître (qui représente le progrès, l’évolution, la raison,…). Nous sommes ainsi plongés au cœur d’un combat millénaire où la tension et le suspense sont parfaitement menés jusqu’au dénouement. L’auteur nous présente une nouvelle perspective très intéressante, qui change des luttes traditionnelles entre « bien » et « mal » que l’on retrouve dans de nombreux récits.

Ma conclusion : Un récit où le souffle de l’aventure se mêle aux tourments internes des personnages, présentant un univers complexe et une histoire aux multiples rebondissements, écrit par un jeune auteur talentueux que je vous conseille vivement de découvrir ! 🙂

Ma note: 17/20

Attention Spoiler !!!

[Comme annoncé dans la présentation du projet du blog, je partage ici quelques réflexions et analyses personnelles au sujet du roman. Je révèlerai des informations clés de l’intrigue, ne continuez donc pas votre lecture si vous ne voulez pas être spoilés 😉 ]

La Geste du Sixième Royaume débute avec le barde Llir, qui se rappelle la règle d’or du conteur : « Toujours s’adapter à son public […] Une histoire paillarde pour les tavernes, une légende héroïque pour des soldats terrifiés avant la bataille, une romance à l’eau de rose pour les belles dames de la cour… » ; il y a donc d’emblée une mise en abyme intéressante : l’auteur nous rapporte l’histoire d’un conteur qui cherche quoi raconter à son public. A l’inverse, le récit se termine avec un personnage d’Historien qui rapporte fidèlement un Evénement dont il est le témoin. Le peuple des Historiens est un des rouages importants de cet univers : il s’agit de personnes hors du temps et immortelles, qui sont chargées de consigner objectivement tous les Evénements importants de l’histoire du monde, et de les conserver dans le Mur des Connaissances, situé dans la ville mystérieuse de Sithylboréa.

Cette opposition que l’on peut observer entre l’incipit et l’explicit est un reflet, selon moi, de la deuxième citation que j’ai mise en avant dans cette chronique : « La vérité est souvent moins belle que le mensonge et l’imagination. Les contes font rêver, les mensonges font espérer… La vérité, c’est la réalité toute nue, brute, sans attrait, sans fioritures. Rien qui stimule l’imagination, la réflexion ou les émotions, seulement des faits avérés » (p.94), qui est d’ailleurs prononcée par Llir. L’Historien, qui rapporte « la réalité toute nue », s’oppose au barde, qui est quant à lui du côté du conte et de l’imagination, tout comme l’auteur du roman. Celui-ci nous livre en effet un récit plein d’émotions et issu de son imagination.

Cependant, le roman nous montre également que les deux vont souvent de pair. Les Evénements auxquels les personnages sont confrontés dans le récit sont systématiquement consignés de manière objective par un Historien, mais nous, lecteur, voyons bien que derrière ces événements historiques se trouvent des personnages qui vivent chacun à leur manière, avec leurs sentiments et émotions, les péripéties qui les affectent. L’Histoire (avec un grand H) est faite de quantité de petites histoires personnelles. Et toute légende a un fond de réalité… 🙂

Ce roman aborde donc des thèmes particulièrement intéressants ! Si vous l’avez lu, qu’en pensez-vous ? Avez-vous remarqué d’autres choses ? N’hésitez pas à partager vos réflexions dans les commentaires, je serais ravie d’en discuter avec vous 🙂

2 réflexions sur “La Geste du Sixième Royaume | Adrien Tomas

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