La Moitié d’un Roi | Joe Abercrombie

La Moitié d'un Roi

« La Mer Éclatée », tome 1

Auteur : Joe Abercrombie

Illustration de couverture : Didier Graffet

Éditeur : Bragelonne

Année d’édition : 2014

Édition originale : Half A King (« The Shattered Sea », 1), paru en 2014

Traduction française : Juliette Parichet

Mots-clés : Vengeance, Trahison, Roi, Esclavage, Parcours initiatique.

L’imbécile frappe. Le sage sourit, observe et apprend. Ensuite, il frappe.

Yarvi se destine au Ministère et s’apprête à passer les épreuves d’admission. Mais, lorsque son père (le roi Uthrik du Gettland) et son frère aîné sont assassinés, il se retrouve héritier d’un trône qu’il n’a jamais voulu. Malgré sa main infirme qui l’a toujours empêché de devenir un guerrier digne de ce nom, il prête serment devant les dieux de venger sa famille et s’embarque avec son armée. Il va alors connaître la trahison, les humiliations de l’esclavage et la fuite à travers les eaux déchaînées de la Mer Eclatée. Pour faire face à ses nombreux ennemis, il va se trouver des alliés inattendus : des exclus et des marginaux, qui se révèlent plus loyaux que les nobles de son rang. C’est parmi eux que Yarvi apprendra à être un homme et tentera de récupérer son trône…

Un bon roi sacrifie tout pour gagner, et poignarde ceux qu’il doit poignarder. Le grand guerrier est celui qui respire toujours quand les corbeaux se régalent. Le grand roi est celui qui regarde brûler les carcasses de ses ennemis. Que mère Paix pleure les méthodes, mère Guerre se ravira du résultat.

J’ai découvert Joe Abercrombie par ses trois romans indépendants Servir Froid, Les Héros et Pays Rouge. Il signe ici le premier tome d’une trilogie qui s’annonce palpitante. Autour de la Mer Eclatée coexistent quantité de royaumes qui s’affrontent sans cesse, malgré l’autorité d’un Haut Roi qui s’efforce de concilier ces différentes forces avec l’aide du Ministère, dont les sages membres sont les conseillers des rois et des nobles. Tous vénèrent six Grands Dieux (Mère Terre et Père Océan, Mère Lune et Père Soleil, Mère Guerre et Mère Paix). Ces royaumes semblent avoir plus en commun qu’il n’y paraît et la suite de la trilogie approfondira cela sans doute davantage. Pour le moment, nous nous contentons d’une première présentation grâce aux aventures de Yarvi, qui voyage du Gettland à Skeleken, en passant par les territoires barbares de Shends et les étendues glacées du grand nord.

Ce premier tome met en scène de nombreux personnages et leur évolution. Je me suis rapidement attachée à Yarvi, le prince manchot qui a toujours été confronté au mépris de ses pairs, mais qui parvient, à son propre étonnement, à gagner le respect des esclaves et parias qu’il rencontre lors de son voyage. Joe Abercrombie construit des caractères aux multiples facettes et aucun de ses personnages ne se limite à ce qu’il paraît être au premier abord. Ils peuvent être braves, égoïstes, sages, ou tout simplement cinglés… Mais les épreuves qu’ils traversent les façonnent chacun à leur manière. Les nombreux retournements de situation les font évoluer et nous permettent de les découvrir plus en profondeur.

La plume de l’auteur est très particulière. Si le langage est assez recherché dans les descriptions, les dialogues sont plus familiers, et reflètent les différentes voix des personnages et leur manière individuelle de s’exprimer. Joe Abercrombie fait également preuve de beaucoup d’humour. Un humour souvent cynique et ironique, mais que j’ai personnellement beaucoup apprécié et qui permet de relâcher la tension durant des scènes plus graves ou tragiques.

Ma conclusion : Le premier tome d’une grande fresque épique autour de la Mer Eclatée ! Une galerie de personnages originaux, une écriture drôle et subtile, Joe Abercrombie est un grand auteur qui nous transporte dès la première page. J’ai hâte de découvrir la suite !

Ma note: 17/20

Et vous, connaissez-vous cet auteur ? Si oui, quels romans avez-vous lu ? Et qu’en pensez-vous ? Dites-le moi en commentaire 🙂

Attention Spoiler !!!

[Comme annoncé dans la présentation du projet du blog, je partage ici quelques réflexions et analyses personnelles au sujet du roman. Je révèlerai des informations clés de l’intrigue, ne continuez donc pas votre lecture si vous ne voulez pas être spoilés 😉 ]

Ce premier tome de la trilogie de la « Mer Eclatée » nous présente le personnage de Yarvi et son évolution, plus précisément les événements qui lui apprennent à devenir un homme. Ce développement du personnage se reflète selon moi dans la première et la dernière scène du roman.

La Moitié d’un Roi commence avec du poison et finit avec du poison. Au début du récit, nous assistons à une leçon de Yarvi, lors de laquelle mère Gundring, la ministre qui le prépare pour ses épreuves, l’interroge sur la racine de Langue-Noire, un poison mortel qui n’a ni odeur, ni couleur, ni goût. Lorsqu’elle lui demande pourquoi il pourrait avoir besoin de cette plante, Yarvi explique qu’un ministre espère ne jamais avoir à s’en servir. Au début de son aventure, il est encore dévoué à Mère Paix, mais au fil de l’histoire, il doit prendre des décisions qui parfois lui répugnent et il se tourne davantage vers Mère Guerre, à tel point qu’il n’hésite plus, une fois devenu ministre, à empoisonner mère Gundring quand il découvre qu’elle l’a trahi (c’est sur cette scène que se clôt le roman). Il s’endurcit, devient plus cruel, mais aussi plus confiant : alors qu’au début il n’est pas sûr de réussir le test pour entrer au Ministère, à la fin, il ne doute plus de ses capacités pour devenir père Yarvi, conseiller du roi du Gettland à la place de mère Gundring.

Cette opposition entre Paix et Guerre à laquelle est confronté Yarvi est déjà indiquée dans le premier chapitre. On y explique que le Ministère s’efforce de « tracer le chemin pour Mère Paix », et mère Gundring loue la sagesse de Yarvi en disant qu’il a été béni par Mère Paix. Pourtant, dès les premières pages, le texte annonce déjà que Yarvi va devoir un temps se détourner de Mère Paix pour parvenir à ses fins. En effet, lorsque mère Gundring lui demande de réciter les noms des six Grands Dieux, le jeune homme est interrompu par l’arrivée de son oncle juste après avoir prononcé « Mère Guerre », et avant de pouvoir terminer la phrase avec « Mère Paix ». Le texte matérialise ainsi les événements tragiques qui viennent le détourner de la paix et l’envoyer vers la guerre.

La Moitié d’un Roi est donc centré sur l’évolution du personnage de Yarvi, qui perd son innocence suite aux épreuves qu’il traverse. Il est encore adolescent lorsqu’il devient roi, et pensait pouvoir dédier sa vie à la construction de la paix dans le royaume, mais quand il revient chasser son oncle usurpateur du trône, il est devenu un homme qui ne recule devant rien pour honorer son serment de vengeance et qui n’hésite pas à tuer celle qu’il considérait comme une seconde mère. Une chose n’a cependant pas changé : son envie d’intégrer le Ministère et d’être conseiller de roi. Et si au début il n’était pas sûr de pouvoir y arriver, à la fin, il ne doute plus de lui-même…

Voilà une petite analyse de certains aspects de ce roman que j’ai trouvé particulièrement intéressants. Si vous l’avez lu, qu’en pensez-vous ? Avez-vous remarqué d’autres choses ? N’hésitez pas à partager vos réflexions dans les commentaires, je serais ravie d’en discuter avec vous 🙂

2 réflexions sur “La Moitié d’un Roi | Joe Abercrombie

    • C’est un auteur que j’apprécie beaucoup, j’ai adoré ses trois autres romans (et sa première trilogie est dans ma wish-list 🙂
      D’ailleurs, je me suis tout de suite lancée dans le tome 2, j’écrirai ma chronique dès que je l’aurai terminé ^^

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